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Jean Leonetti, maire d’Antibes Juan-les-Pins

01/12/2024
4 FleursMaires & Projets
Au coeur de la “French Riviera”, avec ses 23 km de côtes entre Cannes et Nice, Antibes Juan-les-Pins anticipe et s’adapte pour réinventer sa singularité et son identité méditerranéenne au service de son dynamisme économique et touristique. Elle rejoint le Palmarès des Villes 4 Fleurs.
Jean Leonetti, maire d’Antibes Juan-les-Pins © Ville d'Antibes Juan-les-Pins
© Ville d'Antibes Juan-les-Pins

Qu'est-ce qui fait le cadre de vie d'Antibes Juan-les-Pins ?

C'est son patrimoine et son histoire. C'est une ville de villégiature, un port de plaisance (le premier d’Europe) et une ville d'horticulteurs qui s’est construite et urbanisée au fur et à mesure du déclin de l’horticulture, en conservant ses parcellaires et ses quartiers. C’est aussi une ville considérablement arborée, un atout que nous avons développé (1 arbre/1 naissance) pour s’adapter aux enjeux actuels en matière de nature et de climat urbain. Tout comme nous avons développé le concept de la ville jardin qui était déjà la réalité de la ville ancienne. Concrètement, pour ce mandat, nous avons déjà atteint notre objectif de créer 20 squares et jardins (entre 500 à 1 000 m2) et des parcs qui redonnent place à la nature en ville et à la “forêt urbaine” comme le parc méditerranéen des Combes de 2 hectares en cours de réalisation. Cette reconquête et cette renaturation urbaine se sont imposées à la fois dans le PLU et dans la politique d’acquisition foncière en tension dans notre ville toujours très attractive. Par ailleurs, une partie de nos malheurs a permis de réaliser notre bonheur : en effet, face aux dérèglements climatiques, l’aménagement des zones inondables (moins coûteuses en termes d’acquisition) s’est imposé pour se protéger des eaux. Ainsi les berges sont réaménagées et dans la plaine de la Brague, trois hameaux ont été démolis pour aménager une plaine inondable dans ce nouveau parc naturel.

Quel était votre projet politique ?

Initialement, notre projet politique s'articulait avec cette envie de nature. Toutefois, notre démarche est engagée depuis longtemps puisque la zone économique d’Antibes qu’est Sophia Antipolis (première technopole d’Europe avec plus de 2 000 entreprises cachées dans les pins et invisibles du ciel) est construite dans une garrigue avec la contrainte initiale de ne pas construire plus de 2/3 de l’espace. Ce challenge nous l’accentuons aujourd’hui pour ne pas construire plus de 10 % de l’espace. Dès 2015, nous avons pris des engagements et des décisions en matière de préservation de la biodiversité et de protection de la ressource en eau (économie et réutilisation). Sur le plan urbanistique, nous avons accentué nos efforts et cela a été plus facile puisque nous avions déjà une vision de la ville jardin avec ses quartiers et ses centralités commerciales, sociales ou administratives mais aussi ses centralités de verdure et de rafraîchissement. En toute logique, cette ambition s’accélère puisque les forces de la nature nous contraignent aujourd’hui plus qu’hier. Ainsi, la volonté municipale a été de s’adapter et d’anticiper. Aujourd’hui pionnière, Antibes est la première ville de France pour la réutilisation des eaux usées (de qualité européenne) qui permet de nettoyer les voiries et d’arroser les espaces plantés.

Comment le label ville et village fleuri s'est inscrit dans cette dynamique de territoire ?

Participer au label du CNVVF, c’est vouloir s’engager ensemble dans ce projet pour relever ce défi de la qualité du cadre de vie. C'est motivant car une ville ou un village “fleuri”, c'est bien plus que quelques fleurs qui agrémentent un centre-ville, c’est aujourd’hui une politique environnementale globale. Nous avions perdu la 4e Fleur sur un malentendu et aujourd’hui nous sommes motivés pour aller plus loin en nous investissant dans ce label en matière de biodiversité, d’économie de la ressource en eau et de plantations de végétaux spécifiques au climat méditerranéen pour retrouver une identité paysagère... C’est une démarche qualitative qui suscite l’enthousiasme et conduit chacun à révéler le meilleur de lui-même. Les équipes et les jardiniers sont particulièrement motivés car ils s’essaient à une certaine frugalité par rapport à l’eau et redécouvrent la botanique. Par ailleurs, les jardins conçus aujourd’hui demandent beaucoup moins d’entretien que ceux créés dans les années 50 avec leurs gazons “anglais”. Au départ, il faut convaincre les jardiniers de modifier leurs pratiques puis, avec un peu de pédagogie, les habitants habitués aux espaces verdoyants. Mais aujourd’hui, chacun apprécie ces jardins méditerranéens car ce sont de beaux jardins, ce ne sont pas des jardins secs, ce sont des jardins colorés et parfumés qui ont conquis habitants et touristes. Par ailleurs, face aux sécheresses, aux interdictions préfectorales de restriction d’eau et aux pluies diluviennes, l’opinion publique a évolué. Ainsi, les gens ont pris conscience qu’il fallait se tourner vers d’autres types d’aménagement, de développement et de paysages donc je pense que c'est un challenge qui a été relevé, qui est gagné !

Comment convaincre d'autres élus de s'engager dans ce label ?

S’il est toujours facile de s’auto-congratuler avec les lettres de félicitations qui nous sont adressées, cette démarche de labellisation résulte de l’effort d’aller se confronter à un jury extérieur sur la base d’un grand nombre de critères. Bien plus que la satisfaction ponctuelle d'obtenir une telle distinction, il y a la démarche et le chemin pour y parvenir. C’est un chemin qui interroge, qui oblige à revenir sur les idées reçues et à globaliser la vision de la ville. Cette démarche permet la transmission entre les services (urbanisme, propreté, espaces verts, culture…) qui travaillent beaucoup plus facilement entre eux parce qu’ils sont obligés d’innover pour répondre aux critères et de trouver ensemble des solutions pour conquérir le label. Il y a certes le plaisir, le bonheur d’obtenir cette 4e Fleur, mais c’est surtout une démarche fructueuse qui oblige à aller voir ailleurs et à échanger parce qu’elle vise à l'excellence.

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