© Ville d'Antibes Juan-les-Pins
Qu'est-ce qui fait le cadre de vie d'Antibes
Juan-les-Pins ?
C'est son patrimoine et son histoire. C'est une ville de
villégiature, un port de plaisance (le premier d’Europe) et une
ville d'horticulteurs qui s’est construite et urbanisée au fur et à
mesure du déclin de l’horticulture, en conservant ses parcellaires
et ses quartiers. C’est aussi une ville considérablement arborée,
un atout que nous avons développé (1 arbre/1 naissance) pour
s’adapter aux enjeux actuels en matière de nature et de climat
urbain. Tout comme nous avons développé le concept de la ville
jardin qui était déjà la réalité de la ville ancienne. Concrètement,
pour ce mandat, nous avons déjà atteint notre objectif de créer
20 squares et jardins (entre 500 à 1 000 m2) et des parcs qui
redonnent place à la nature en ville et à la “forêt urbaine”
comme le parc méditerranéen des Combes de 2 hectares en
cours de réalisation. Cette reconquête et cette renaturation
urbaine se sont imposées à la fois dans le PLU et dans la politique
d’acquisition foncière en tension dans notre ville toujours très
attractive. Par ailleurs, une partie de nos malheurs a permis
de réaliser notre bonheur : en effet, face aux dérèglements
climatiques, l’aménagement des zones inondables (moins
coûteuses en termes d’acquisition) s’est imposé pour se protéger
des eaux. Ainsi les berges sont réaménagées et dans la plaine
de la Brague, trois hameaux ont été démolis pour aménager une
plaine inondable dans ce nouveau parc naturel.
Quel était votre projet politique ?
Initialement, notre projet politique s'articulait avec cette envie de
nature. Toutefois, notre démarche est engagée depuis longtemps
puisque la zone économique d’Antibes qu’est Sophia Antipolis
(première technopole d’Europe avec plus de 2 000 entreprises cachées dans les pins et invisibles du ciel) est construite dans
une garrigue avec la contrainte initiale de ne pas construire plus
de 2/3 de l’espace. Ce challenge nous l’accentuons aujourd’hui
pour ne pas construire plus de 10 % de l’espace. Dès 2015, nous
avons pris des engagements et des décisions en matière de
préservation de la biodiversité et de protection de la ressource
en eau (économie et réutilisation).
Sur le plan urbanistique, nous avons accentué nos efforts et cela
a été plus facile puisque nous avions déjà une vision de la ville
jardin avec ses quartiers et ses centralités commerciales, sociales
ou administratives mais aussi ses centralités de verdure et de
rafraîchissement. En toute logique, cette ambition s’accélère
puisque les forces de la nature nous contraignent aujourd’hui
plus qu’hier. Ainsi, la volonté municipale a été de s’adapter
et d’anticiper. Aujourd’hui pionnière, Antibes est la première
ville de France pour la réutilisation des eaux usées (de qualité
européenne) qui permet de nettoyer les voiries et d’arroser les
espaces plantés.
Comment le label ville et village fleuri s'est
inscrit dans cette dynamique de territoire ?
Participer au label du CNVVF, c’est vouloir s’engager ensemble
dans ce projet pour relever ce défi de la qualité du cadre de
vie. C'est motivant car une ville ou un village “fleuri”, c'est
bien plus que quelques fleurs qui agrémentent un centre-ville,
c’est aujourd’hui une politique environnementale globale.
Nous avions perdu la 4e Fleur sur un malentendu et aujourd’hui
nous sommes motivés pour aller plus loin en nous investissant
dans ce label en matière de biodiversité, d’économie de la
ressource en eau et de plantations de végétaux spécifiques au
climat méditerranéen pour retrouver une identité paysagère...
C’est une démarche qualitative qui suscite l’enthousiasme et
conduit chacun à révéler le meilleur de lui-même. Les équipes
et les jardiniers sont particulièrement motivés car ils s’essaient
à une certaine frugalité par rapport à l’eau et redécouvrent la
botanique. Par ailleurs, les jardins conçus aujourd’hui demandent
beaucoup moins d’entretien que ceux créés dans les années 50
avec leurs gazons “anglais”. Au départ, il faut convaincre les
jardiniers de modifier leurs pratiques puis, avec un peu de
pédagogie, les habitants habitués aux espaces verdoyants. Mais
aujourd’hui, chacun apprécie ces jardins méditerranéens car ce
sont de beaux jardins, ce ne sont pas des jardins secs, ce sont
des jardins colorés et parfumés qui ont conquis habitants et touristes. Par ailleurs, face aux sécheresses, aux interdictions
préfectorales de restriction d’eau et aux pluies diluviennes,
l’opinion publique a évolué. Ainsi, les gens ont pris conscience
qu’il fallait se tourner vers d’autres types d’aménagement, de
développement et de paysages donc je pense que c'est un
challenge qui a été relevé, qui est gagné !
Comment convaincre d'autres élus
de s'engager dans ce label ?
S’il est toujours facile de s’auto-congratuler avec les lettres
de félicitations qui nous sont adressées, cette démarche de
labellisation résulte de l’effort d’aller se confronter à un jury
extérieur sur la base d’un grand nombre de critères. Bien plus
que la satisfaction ponctuelle d'obtenir une telle distinction, il y
a la démarche et le chemin pour y parvenir. C’est un chemin qui
interroge, qui oblige à revenir sur les idées reçues et à globaliser
la vision de la ville. Cette démarche permet la transmission
entre les services (urbanisme, propreté, espaces verts, culture…)
qui travaillent beaucoup plus facilement entre eux parce qu’ils
sont obligés d’innover pour répondre aux critères et de trouver
ensemble des solutions pour conquérir le label. Il y a certes le
plaisir, le bonheur d’obtenir cette 4e Fleur, mais c’est surtout une
démarche fructueuse qui oblige à aller voir ailleurs et à échanger
parce qu’elle vise à l'excellence.